Stéphane
Cunescu
« Dans 5 ans, je m’imagine dans une librairie bruxelloise en train d’assister au lancement d’un livre du catalogue de la maison d’édition ! »
Stéphane Cunescu est un jeune chercheur passionné de littérature. Alors que le secteur de l’édition francophone est en difficulté, il met sur pied une nouvelle maison d’édition ! Un projet ambitieux qui adopte une approche sortant des sentiers battus.
Quels sont les objectifs de ton projet de maison d’édition ?
« Telle est ma vocation : devenir éditeur ! La bourse VOCATIO va servir de rampe de lancement à la création de ma maison d’édition qui aura pour objectif d’illustrer la vitalité de la création littéraire et artistique en Belgique, tout en rendant la “littérature de création” plus accessible et attrayante.
Pour cela, je vais publier des jeunes auteurs et autrices, et créer une alliance avec les arts visuels, là où la poésie et d’autres genres exigeants sont souvent vus comme austères et élitistes. C’est pourquoi tous les livres édités entretiendront un rapport aux images (illustrations, interventions graphiques, écrits sur l’art, etc.)
Un autre pan de mon projet est de rendre accessible aux lecteurs et lectrices francophones de grands auteurs et autrices de la littérature néerlandophone, encore bien trop méconnu·es aujourd’hui. »
Comment as-tu pris conscience de ta vocation ?
« Il y a deux ans, j’ai créé une revue composée de textes et d’images, dont l’idée initiale était de rassembler des autrices et auteurs belges ainsi que des artistes (peintres, photographes, cinéastes) autour d’une thématique. Son titre exprime assez bien l’esprit de la ligne éditoriale revendiquée : “Papier peint Mauvais drap”.
Autrefois, j’ai pu ressentir une forme de solitude face à un fort désir qui consistait à rassembler des gens autour d’un projet littéraire et artistique. La revue m’a permis de me rendre compte qu’il y avait beaucoup de gens qui étaient animés par cette même envie. J’ai assez rapidement réalisé que cela pouvait déboucher sur l’existence d’une petite communauté.
Si les prémices de ma vocation sont plus anciennes, c’est en animant la revue que je me suis rendu compte que le travail d’éditeur me passionnait. J’ai pris conscience que le champ poétique contemporain était foisonnant en Belgique et qu’il y avait quelque chose à développer pour aller au-delà de l’objet collectif qu’est la revue, à savoir publier des livres. »
Le secteur du livre francophone est en difficulté. Qu’est-ce qui te fait continuer ?
« Il est vrai que de nombreuses maisons d’édition ont beaucoup de mal à poursuivre leurs activités faute de moyens et du manque de financement. Cela peut sembler paradoxal, mais le fait d’assister à cette crise me conforte dans l’orientation de mon projet. À mon sens, c’est à travers de nouvelles initiatives démontrant le potentiel de ce domaine culturel —malheureusement délaissé— que le monde de l’édition peut résister. »