Maëlle
Villani
« Je souhaite contribuer à l'avancement de la recherche scientifique sur le permafrost tout en jouant un rôle crucial dans la sensibilisation du grand public à cette problématique. »
Lorsque le permafrost dégèle, le carbone piégé en son sol est libéré sous forme de gaz à effet de serre. Cela entraîne une augmentation des températures au niveau mondial... Maëlle Villani, bioingénieure, étudie les causes et conséquences de ce dégel pour sensibiliser le grand public à l’importance et à la vulnérabilité de ces paysages.
1. S'interroger
« Le permafrost rend un service inestimable à l’écosystème en stockant une quantité de carbone deux fois plus élevée que le carbone présent dans l’atmosphère. Il représente un puits de carbone conséquent et permet de contrôler les gaz à effet de serre intervenant dans le réchauffement de la planète.
En parallèle, le réchauffement climatique cause le dégel du permafrost qui libère le carbone stocké depuis des milliers d’années... Accélérant le réchauffement climatique à l’échelle mondiale. Cela est surtout étudié en été lorsque le sol dégèle mais il existe également une grande part de gaz à effet de serre émise en hiver, qui est souvent mise de côté en raison du peu d’études sur cette saison.
Je suis donc d’autant plus impressionnée par toutes ces dynamiques en hiver puisque le paysage semble être à l’arrêt en raison des températures glaciales et de l’épaisse couche de neige, alors qu’il n’en est rien ! Beaucoup de processus persistent en cette saison et j’aimerais les quantifier au mieux ! »
2. Braver le froid
« Je dois me rendre en Alaska, en toundra arctique en hiver, lorsque les conditions sont les plus rudes, afin d’effectuer des mesures physiques et d’échantillonner des eaux provenant des sols et des rivières.
Les conditions de terrain représentent un obstacle de taille à mes recherches en raison de la difficulté d’échantillonnage mais également de la sécurité. Je prépare donc chaque mission en amont au point de vue technique mais également en m’accompagnant de guides professionnels du grand froid. »
3. Analyser et sensibiliser
« Dans les laboratoires en Belgique, j’analyse la chimie de ces échantillons d’eaux en mesurant notamment les concentrations en carbone dissous ou encore d’autres éléments qui me permettent de tracer les processus de gel et de dégel de ces sols.
L’objectif principal est d’étudier la dynamique du permafrost durant l’hiver et l’impact sur la vulnérabilité du carbone. En évaluant les flux d’eau qu’il y a dans les sols et la connectivité présente entre les sols et les rivières, je peux estimer la quantité de carbone mobilisée en hiver et donc potentiellement émise sous la forme de gaz à effet de serre. J’espère ainsi pouvoir sensibiliser le grand public à ces problématiques mondiales. »
