Mathilde
Meert
« J’aurais aimé que l’on me dise “tente, essaie et plante-toi”. Je pense qu’il n’y a qu’en se plantant qu’on peut découvrir l’étendue de nos ressources. »
À l’occasion du dixième anniversaire du décès de sa mère, l’écrivaine Mathilde Meert souhaite rendre hommage, avec son roman, au personnel de santé en soins palliatifs. Une manière pour elle de célébrer ces personnes dont le rôle est discret, mais important pour les personnes en passe de quitter ce monde...
Double hommage à la vie
Mathilde souhaite rendre hommage aux personnes qui ont accompagné sa mère et lui ont permis de partir dans la dignité : les infirmiers et infirmières en soins palliatifs. « Je souhaite recueillir leur témoignage et expertise sur l’accompagnement des personnes en fin de vie, sur l’accès au soin, les limites éthiques du maintien en vie. Ce récit fictif tentera de se remémorer une traversée vers la mort avec son lot de violence mais aussi ses moments de joie, de solidarité. »
Dans un second temps, Mathilde montera une pièce de théâtre autour de cette thématique pour pouvoir l’emmener auprès de différents publics.
La fiction pour contrer l’oubli et le deuil
Pour ce projet, Mathilde s’inspire du travail de la philosophe Vinciane Despret, qui propose de penser le rapport entre les personnes décédées et les personnes vivantes avec inventivité, loin de l’injonction au deuil et à l’oubli. « Dans son livre “Au Bonheur des morts”, elle ouvre des portes, et laisse la possibilité aux fantômes de s’y engouffrer, de trouver une forme d’existence dans nos vies, sans imposer une vision enfermante ou mystique. »
C'est aussi à la suite d'un décès que Mathilde s’est tournée vers la fiction. « Face au silence et à la disparition, j’ai trouvé une solution : inventer ! J'ai suivi un master de création littéraire à Toulouse et j’y ai notamment exploré l’écriture dramatique qui m’a ouvert la porte vers de nouveaux mondes. »
Quand la passion l'emporte
Déjà enfant, Mathilde écrivait. « Je fais la cueillette de paroles entendues, de mots inconnus, de souvenirs... Et je les consigne dans des carnets. Mon laboratoire, c’est la feuille de papier. Les mots sont mon terrain de jeu, ma collection secrète. »
Biologiste de formation, elle a dû affronter ses craintes pour oser se lancer sur le chemin de l’écriture : « Je me questionnais sur ma légitimité car vouloir écrire c’est souhaiter prendre une place, avoir quelque chose à raconter ou revendiquer, et ça demande je pense beaucoup de prudence. C’est aussi une forme d’engagement et de respect envers le futur public et les personnes qui n’ont pas le privilège de pouvoir écrire. » En ce moment, Mathilde suit une formation professionnelle de théâtre.
Le tout est de ne pas baisser les bras. « J’ai eu aussi des moments où je me suis sentie très seule. Quand on se lance dans ce métier, on peut passer rapidement de l’euphorie au découragement, et l’inverse est tout aussi vrai ! »